La dernière chance du Rafale

19/12/2013 15:07

 

La dernière chance du Rafale

Un Rafale au Salon du Bourget, à Paris, en juin 2009.

 

La dernière chance du Rafale| L’Inde à tout prix. Après l’échec du Rafale au Brésil, le sixième à l’exportation essuyé par Dassault Aviation en onze ans, l’avionneur français ne peut plus se permettre le moindre revers. Et surtout, il ne peut pas perdre le contrat en cours de négociation avec New Delhi. Celui-ci porte sur 126 avions de chasse et des transferts de production.
Un échec serait fatal pour cet appareil présenté comme « le meilleur avion du monde » par Dassault. Il affaiblirait également l’image de l’avionneur, qui n’a pas vendu d’avions militaires hors de France depuis treize ans. Ses ventes n’ont cessé de décliner. Dans les années 1960, vingt pays ont acheté les Mirage III. Une dizaine d’années plus tard, dix Etats s’équipaient de Mirage F1. Ils n’étaient plus que huit à acheter le Mirage 2000 au début des années 1980, et… zéro aujourd’hui à avoir pris du Rafale.
Pourtant, le groupe familial vit bien, porté par le développement de ses avions d’affaires Falcon – l’essentiel de ses activités – et conforté par la garantie de l’Etat de lui acheter un avion de combat par mois.
INCONSÉQUENCE
Se pose alors la question de sa volonté d’exporter ses avions de chasse. Trop cher, trop sophistiqué : les « trop » s’accumulent pour expliquer les déboires du Rafale en Suisse et au Brésil au profit du Gripen suédois.
Les « pas assez » aussi : pas assez présent sur le terrain, pas assez réactif. En février 2011, le maire de Sao Bernardo do Campo, dans la banlieue de Sao Paulo, évoquait, amusé, les « avances » dont sa ville faisait l’objet de la part de Dassault pour accueillir des installations. Mais, alors que son rival Gripen était actif depuis de nombreux mois, le français, pourtant favori depuis deux ans, venait seulement de se manifester.
Au Brésil, inutile d’imputer la responsabilité de l’échec à l’influence américaine ou à la faiblesse du dollar comme en Corée du Sud, à Singapour et au Pays-Bas. Il faut plutôt s’interroger sur l’inconséquence européenne en matière de défense, puisque deux avions de chasse se sont affrontés, quand ce n’est pas trois, comme en Inde avec l’Eurofighter.
Mais l’Inde n’est pas le Brésil. « C’est Nicolas Sarkozy qui a vendu le Rafale », soulignait-on chez Dassault en septembre 2009 quand le président Lula avait annoncé sa préférence pour cet avion. Mais tout restait à faire, la compétition n’étant pas terminée. L’appel d’offres indien s’est conclu en février 2012 par la sélection de l’avion français face à ses concurrents. Reste à régler les modalités sur les transferts de production et le choix des industriels locaux.
Perdre le « contrat du siècle » serait dévastateur, même si d’autres pays sont prospectés comme les Emirats, le Qatar ou la Malaisie. Cela jetterait le doute sur la volonté de l’avionneur de tout faire pour parvenir à des accords. Finalement, il ne vit pas si mal sans ventes à l’export. Avec la bienveillance de l’Etat.