Johannesburg rend un hommage historique et planétaire à Mandela

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Une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement participent, mardi 10 décembre, à un hommage historique en l'honneur de Nelson Mandela, icône du XX^e siècle, lors d'une cérémonie diffusée en direct dans le monde entier. De nombreux anciens chefs d'Etat ou premiers ministres accompagnent leurs homologues en exercice, malgré des inimitiés parfois notoires, dans une volonté d'unité, en hommage à celui qui a su réunir tous les Sud-Africains.

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La plupart d'entre eux, ainsi que des dizaines de personnalités du monde des arts ou de la culture, et une foule d'anonymes, assisteront au service funèbre à Johannesburg au Soccer City Stadium, l'enceinte de Football à Soweto où l'ancien président sud-africain et militant anti-apartheid fit sa dernière apparition en public, avant la finale de la Coupe du Monde en 2010. « Le monde entier vient en afrique du SUD », a commenté Clayson Monyela, porte-parole du ministère des affaires étrangers sud-africain.

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Outre le Soccer city et ses 80 000 places, trois stades de Johannesburg sont ouverts au public pour la projection de la cérémonie sur grand écran, ainsi que 150 sites de retransmission dans le pays. La cérémonie se déroule de 11 heures à 15 heures, heure locale (10 heures à 14 heures, heure de Paris).

La dépouille du héros national sera ensuite exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, avec des processions prévues chaque matin dans les rues de la capitale. Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud rural du pays, la terre des ancêtres de Mandela. C'est là qu'il avait souhaité être enterré.

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• De multiples orateurs

Sur l'estrade, les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro mettront leurs différends entre parenthèses pour saluer la mémoire de Nelson Mandela, mort jeudi à 95 ans après une longue agonie. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le président sud-africain Jacob Zuma et les dirigeants de pays émergents (Brésil, Chine, Inde) figurent aussi sur la liste des orateurs.

Leurs discours seront précédés du témoignage d'Andrew Mlangeni, détenu pendant de longues années avec Nelson Mandela sur l'île-bagne de Robben Island sous le régime d'apartheid, et des interventions de membres de la famille.

Tous devraient saluer le parcours exemplaire d'un homme qui a passé vingt-sept ans en prison pour avoir combattu la ségrégation raciale dans son pays avant de négocier une transition pacifique parachevée par son élection à la présidence, en 1994. Une fois au pouvoir, le champion de la lutte pour l'égalité s'est mué en grand réconciliateur, multipliant les gestes de pardon envers ses anciens oppresseurs blancs. « Il était vraiment comme un magicien avec une baguette magique, il nous a transformés en peuple arc-en-ciel, glorieux et multicolore, » a résumé lundi soir l'archevêque sud-africain et Nobel de la paix Desmond Tutu.

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« Le monde pleure la perte de Nelson Mandela, l'un des géants de notre époque et, en fait, de tous les temps, a déclaré Ban Ki-moon, tout juste descendu de son avion à Johannesburg. Il nous a profondément touchés et nous a montré ce qui est possible en Afrique et dans le monde. »

• Hollande et Sarkozy voyagent séparément

François Hollande et NIcolas Sarkozy se retrouvent mardi en Afrique du Sud pour la cérémonie d'hommage à l'ancien leader sud-africain, mais ils s'y rendent séparément. Le président Hollande et son prédécesseur ont voyagé dans la nuit de lundi à mardi à bord de deux Falcon de la République, des avions d'affaires régulièrement employés pour les déplacements du chef de l'Etat. L'entourage du président Hollande a invoqué « des raisons pratiques, techniques et économiques ».

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A bord du Falcon de François Hollande accompagné de Valérie Trierweiler, un assemblage hétéroclite de personnalités dicté par les circonstances. Y prendront place deux ministres, Laurent Fabius (affaires étrangères) et Christiane Taubira (justice), l'ex-numéro un du PCF Robert Hue, président du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique du Sud, un ecclésiastique, l'évêque de Cayenne et ancien curé de Soweto M^gr Emmanuel Lafont, ainsi que Bernard Lapasset, président de l'International Rugby Board.

• Trois anciens présidents américains seront présents

Trois anciens présidents américains sur les quatre encore en vie doivent faire le déplacement en Afrique du Sud : M. Bush, Bill Clinton et Jimmy Carter. M. Clinton se trouve en ce moment au Brésil et voyage séparément vers Johannesburg, selon sa fondation. Quant à M. Carter, il fait partie de la délégation emmenée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, dans le cadre du groupe des « Sages » dont Mandela était membre fondateur, selon cette organisation.

Seul parmi les anciens présidents américains encore en vie à ne pas se déplacer, le père de George W. Bush, George. H.W. Bush. Agé de 89 ans comme M. Carter, il est de santé fragile et ne peut plus voyager aussi loin, selon son porte-parole.

M. Obama et son prédécesseur à la Maison Blanche sont accompagnés de leurs épouses respectives, Michelle Obama et Laura Bush. Le ministre de la justice Eric Holder et la conseillère de sécurité nationale Susan Rice seront également présents.

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• Importante délégation britannique

Tous les anciens premiers ministres britanniques en vie – John Major, Tony Blair et Gordon Brown – assisteront à la cérémonie avec l'actuel chef du gouvernement David Cameron, a annoncé lundi Dowing Street. Le vice-premier ministre britannique en exercice, Nick Clegg, ainsi que l'actuel chef de l'opposition, Ed Miliband, seront également présents.

• Un défi logistique et sécuritaire

Les autorités se préparaient depuis des années au départ du héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir du pays, décédé jeudi à 95 ans après une longue agonie. Elles ont donc rapidement présenté le programme de la semaine de deuil national avec trois temps forts : un hommage officiel mardi à Johannesburg, la présentation de la dépouille à Pretoria de mercredi à vendredi, et les funérailles dimanche à Qunu, le village de son enfance.

Dans un pays marqué par une criminalité record, avec 45 homicides par jour, le gouvernement prête une attention toute particulière à la sécurité. La coordination a été confiée à un « centre d'opérations conjointes », une structure dirigée par la police en partenariat avec l'armée – qui a affecté 11 000 militaires à l'événement – et des ministères concernés. L'ambassade des Etats-Unis a conforté ce discours, expliquant « travailler de très près » avec les services sud-africains.

Pour éviter les bousculades, les principales routes d'accès seront fermées à la circulation autour du stade, des lignes de bus ou de trains assurant des liaisons gratuitement. Les accès à Pretoria seront également contrôlés pendant les trois jours d'exposition de la dépouille de Nelson Mandela.

• Inhumation traditionnelle dimanche

A l'issue des dix jours de deuil national, la dépouille de Neslon Mandela sera inhumée dimanche dans son village d'enfance, Qunu, selon les rites traditionnels xhosa mêlés au culte chrétien. « Dimanche, quand nous le mettrons en terre, tous les rituels seront dirigés par la Maison royale », a déclaré à la chef traditionnelle xhosa Nokuzola Mndende.

« Nous suivrons les rites traditionnels et le gouvernement doit rester en retrait et ne pas s'en mêler », a-t-elle ajouté. Un « bœuf sera sacrifié » en l'honneur des ancêtres et seuls « les aînés du clan Mandela prendront la parole autour du tombeau », a précisé M^me Mndende. Seul un nombre restreint de dignitaires étrangers seront présents à cette occasion. Nelon Mandela reposera auprès de trois de ses six enfants, une fille morte en couches en 1948, un fils, Thembi, victime d'un accident de voiture en 1969, et Makgatho, mort du sida en 2005.